Fred Ebami est un artiste Pop Art d’origine camerounaise, il expose ses œuvres dans les galeries du monde entier aux côtés des artistes les plus renommés. Actuellement au Centre Wallonie Bruxelles où il présente une œuvre originale dans le cadre de l’exposition Strokar, il nous raconte son histoire avec une humilité et une simplicité éloquentes.

Fred Ebami est né à Villeneuve la Garenne dans les Hauts de Seine, un fief dont il est fier. Derrière une silhouette intimidante se cache un homme pudique et discret au cœur d’or. A quarante ans, le destin l’a placé sur une trajectoire qu’il n’aurait jamais soupçonnée. Cet artiste de l’ombre a su pourtant mettre son travail en lumière et est reconnu aujourd’hui comme une figure montante de l’art contemporain.

Son style, il le définit comme du pop art revisité. La plupart de ses œuvres sont dessinées à l’ordinateur, mises sous verre, puis passées au Posca pour créer du relief. Il innove en lançant un concept  qu’il qualifie de «New Pop Art» caractérisé par  un graphisme atypique .

Ses créations empreintes d’humanité offrent une vision différente de notre société. Un style à part entière, des couleurs vives, des slogans qui appellent à la réflexion, Fred  se démarque de la scène street art et impose son art singulier en douceur dans le paysage artistique.

Inspiré par les Comics, les artistes pop art et le monde qui l’entoure

Depuis son plus jeune âge, Fred baigne dans un univers qui guide ses pas. Enfant, il est fasciné par le photographe Oliviero Toscani qui dans les années 80 défraye la chronique avec ses campagnes de publicité Benetton. « Je trouvais ça dingue qu’une personne puisse faire réagir autant de monde en évoquant la réalité avec une simple photo », nous explique t-il. Fred rêve de pouvoir à son tour faire passer ses messages et raconter plusieurs histoires avec une seule image.

Féru de Comics, les super-héros de Stan Lee (Batman, Superman, Iron-Man…) animent son quotidien de gamin. Mais ses influences artistiques viennent également des affiches de cinéma dont on devine les points de technicolor et surtout des grands maîtres de la peinture, de Van Gogh à Lichtenstein en passant par Basquiat et Andy Warhol. « Tout ce côté funky de l’art m’a interpelé, voilà comment je me retrouve à faire ce que je fais ! ».

Aujourd’hui Fred s’amuse à redonner vie à des personnalités qu’il admire et qui représentent pour lui de véritables super-héros. John Lennon, Rosa Parks, Mandella, Kayne West sont ainsi ramenés à l’état de Comics sur ses posters. Ses œuvres témoignent aussi de son vécu, du monde qui l’entoure, de la société qui va mal. Il souhaite à travers ses créations faire passer ses messages d’espoir et voir bouger les choses. « Aujourd’hui je m’appuie sur le passé comme racine, je montre le présent comme moteur et le futur comme motivation ». Fred espère que ce qu’il dénonce dans ses tableaux parle à toutes les générations, interpelle et pousse à la réflexion.

Du gribouillage au digital, un nouveau style se dessine

Petit, Fred passe son temps à gribouiller, principalement sur les murs de la maison, au grand désarroi de sa mère. Il aime déjà représenter avec ses dessins ce qu’il cherche à exprimer.

Son bac en poche, son désir est d’entrer aux Beaux Arts, la seule voie qui semblait pouvoir lui donner un avenir dans le monde artistique. Mais pour des raisons financières, il s’éloigne de ce rêve et laisse tomber l’idée d’évoluer dans le dessin. Il s’oriente dans des études de lettres afin d’être interprète. Mais finalement, le besoin de changer d’horizon s’impose et il part aux Etats-Unis en quête d’un eldorado ; « le voyage c’est la part du rêve » paraît-il. Déçu de ne pas trouver ce qu’il est venu chercher et perdu au milieu de son voyage existentiel, il rejoint son frère installé au Royaume-Uni. « Je suis arrivé en Angleterre et je suis tombé amoureux de ce pays. Je me suis donc installé à Oxford ».
Fred trouve un petit boulot de Barman dans une boite qui organise régulièrement des soirées. Le DJ, également graphiste, découvre par hasard les dessins de Fred et son immense talent. Il l’incite à s’inscrire dans une école de design dans laquelle il a lui même suivi des cours. Fred séduit instantanément le professeur principal de l’établissement avec ses sketchbook. « Il m’a pris tout de suite dans son cours sans me faire passer le test d’admissibilité ». L’envie de travailler dans la publicité toujours présente, il se forme dans ce but à Photoshop et Illustrator qui deviennent ses outils de prédilection. Après deux années d’études, Fred décroche le diplôme du Cherwell Oxford of College.

De plus en plus à l’aise avec le dessin sur ordinateur et toujours désireux d’entrer dans la pub, il s’essaye en tant que junior designer, mais le peu de place laissé à la créativité stoppe complètement son envie d’évoluer dans ce type de fonction. « j’ai donc préféré commencer à faire des trucs pour m’amuser pour moi et pour mes potes ».

L’amitié, le tremplin de son ascension

On dit de l’amitié qu’elle stimule, anime et éveille l’étincelle. Celle qui lie Fred et le poète slameur Capitaine Alexandre le confirme. Cette amitié marque un tournant dans la carrière de Fred. Depuis leur plus jeune âge, ils rêvent de pouvoir travailler ensemble. Capitaine Alexandre qui a une confiance inébranlable dans le talent de son ami d’enfance lui confie l’illustration de son premier recueil de poèmes. L’osmose est là. Les dessins de Fred s’adaptent à la perfection aux textes du poète. « Et voilà comment a vraiment commencé mon histoire ! ».

Capitaine Alexandre est convaincu que son frère de cœur à un potentiel à développer. A son insu, il l’inscrit comme exposant au ‘Festival Lille Moulin à Paroles’. Un festival qu’ils sont en train de mettre en place avec leur Collectif On A Slamé Sur La Lune, une troupe d’artistes de tout horizons réunis dans une démarche d’éducation populaire citoyenne. Fred n’a plus le choix et se retrouve au pied du mur. « Je n’avais jamais exposé, ce n’était pas mon truc. J’étais en plein stress. Capitaine Alexandre ne voulait pas que j’expose les visuels du recueil, il voulait que je fasse une expo plus personnelle ! J’avais un mois pour pondre quinze posters. Il m’a fallu rentrer dans une énergie créative qui m’a poussée à m’ouvrir ».

Ce jour d’avril 2010, Fred est seul dans cette salle d’expo, face à lui même et peu confiant. Il reste en retrait. Mais ses visuels plaisent. Le succès que Capitaine Alexandre présageait est au rendez-vous. Fred est remarqué. Il prend alors un peu plus d’assurance. « J’ai eu cette envie de vouloir continuer à communiquer avec les gens à travers mes œuvres ».

Repéré par les plus grands acteurs de la scène artistique

Dès ce jour, les rencontres s’enchainent. Fred fait la connaissance de Dtone, un artiste contemporain singulier qui surprend par son travail situé entre le graffiti et la pop art. Fred espère simplement suivre quelques un de ses conseils pour faire évoluer ses dessins. Dtone impressionné par son talent, lui propose de collaborer à sa prochaine expo à la Galerie Jacques Devos (Paris 6ème). La préparation de l’expo dure toute une année.

Parallèlement Fred reçoit une invitation pour la biennale de Dakar qui tombe le même jour que le vernissage. Dtone lui offre la possibilité de faire un deuxième vernissage à son retour afin qu’il ne passe pas à côté d’un tel événement. L’événement est un véritable succès. Nous sommes en 2012 et la carrière de Fred prend de la vitesse. Alex, le galériste, lui confie que pour la première fois il a vendu des œuvres d’un artiste inconnu lors d’un vernissage et lui offre l’opportunité exceptionnelle d’avoir sa propre expo solo. Fred nous confie « je ne comprenais pas ce qui se passait, je n’arrivais plus à parler, j’avais presque les larmes aux yeux ».

Dès lors, les invitations s’enchainent. Fred expose à Johannesburg, à Kensington, à Paris… Il est coté à l’hôtel des ventes de Montecarlo et sur Artsper. « Une porte s’est ouverte grâce à Alex, et j’essaye aujourd’hui de lui rendre ce qu’il a fait pour moi ».

Au milieu des artistes les plus renommés

Fred fait désormais partie des artistes en vue. Il expose en ce moment et ce jusqu’au 19 novembre à la Galerie Centre Wallonie Bruxelles dans le carde de l’expo Stokar. Le photographe Fred Atax rassemble 40 des artistes les plus célèbres de la scène contemporaine et street art pour réinventer ses clichés. Exposé aux côtés de Jef Aérosol, de Bault, de MG La Bomba, de Jérôme Mesnager, de Denis Meyers et des autres, Fred n’aurait jamais osé rêver d’une telle opportunité.

Ses valeurs et ses rêves comme fil rouge

L’Amour est pour cet homme au grand cœur « la seule valeur qui régit tout ». Elevé par sa mère et ses tantes, il vit dans un cocon qui lui appris l’unité, la vie en communauté, le goût des autres mais aussi la compétition qui pousse à aller plus loin et à se dépasser.

Son souhait est aujourd’hui de transmettre aux jeunes générations ce qui l’a fait grandir et murir. Il donne avec le collectif On A Slamé Sur La Lune des ateliers où il partage ses expériences et son vécu. Il incite les jeunes à s’ouvrir au monde, à s’affranchir des diktats de la société. Ce dialogue le conforte dans son désir de transmission, « J’ai envie d’échanger davantage et de faire plus d’ateliers, mais j’ai besoin de rajouter encore quelques cordes à mon arc pour être totalement légitime et pouvoir dire aux jeunes que si moi j’ai réussi, ils le peuvent aussi ».

Le destin a ouvert sa voie royale à ce jeune artiste plein de talent, et nous sommes ravis d’avoir pu partager ce joli moment d’intimité avec lui.

Ses réseaux sociaux

Collaborations

  • Little Africa

  • African Armure

  • Street and Co

  • Biom

  • Le Coq Sportif London

  • Strokar (ft Centre Wallonie Bruxelles / Agnes B )

Calendrier événementiel

  • Jusqu’au 19 novembre 2017 : Expo collab a l’espace Wallonie (Bruxelles, Belgique)

  • Novembre-Décembre 2017 : expo collab hors les murs à l’hotel Renaissance République

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